La faiblesse est ma force, comme ton amour et mon raison de vivre.
« Bonjour mon coeur, comment vas-tu ? » Elle le regarda droit dans les yeux, les joues rosâtres, et les poings si serrés qu'elle se marqua les mains de ses ongles. « Non ça va pas. Il n'y a rien qui aille. Rien. Vraiment. Rien qui me fasse rire ou sourire, rien qui me donne envie de me lever le matin si ce n'est pouvoir te parler. Je veux juste pouvoir m'endormir et me réveiller dans monde meilleur, où la peine la mort et la stupidité humaine ne seront plus. Je veux pouvoir vivre avec toi jusqu'à la fin de mes jours sans avoir à pleurer chaque jour que Dieu fait parce que je me trouve moche, pas assez bien à tes yeux, soit trop grosse, trop petite, pas assez bien fournie, pas assez drôle ou chiante. » Il voulut la prendre dans ses bras mais elle fit un pas en arrière, le regard rempli de larmes, le coeur noué. Pointant le bout de son doigt au niveau de sa poitrine dévoilant ainsi son coeur. « Et tu joues avec ça. Avec ce qui me maintient en vie, ce qui me fait me sentir vivante. Tu l'affaiblis, tu le ronges pire qu'une maladie incurable qui me tuerait à petit feu. Tu es bien plus efficace que toutes les dépressions possibles. Je me sens nulle. Inachevée. Comme si quelque chose en moi n'avait pas eu le temps de se concrétiser, et que je devrais morfler le reste de ma vie à cause de cette "chose". » Elle fit une fois de plus un pas en arrière et vint essuyer son oeil larmoyant, étalant par la même occasion son mascara sur la partie gauche de son visage. Il se tenait devant elle, le regard vide, presque meurtri. Ne se doutait-il pas du mal qu'il pouvait lui faire ? Ne réfléchissait-il pas au poids des mots qu'il utilisait envers elle ? Sombre idiot. N'as-tu donc pas vu la peine qui grandissait en son sein ? Mais aucun mot n'arrivait à sortir, comme s'il attendait simplement la suite des accusations, comme si tout ceci était une évidence et qu'il s'y attendait au fond de lui. « Mais je dois te remercier. Grâce à toi j'ai grandi, je suis devenue quelqu'un avec un plus fort caractère. Même si cela ne fonctionne pas avec toi, je peux m'en sortir seule désormais. Mon coeur s'est endurci, même si je pleure toujours devant une fleur fanée trop rapidement. Je suis désolée d'être ainsi. D'aimer recevoir des cadeaux, tout comme j'aime en offrir. Désolée d'être susceptible, de prendre tout à la mouche sans me rendre compte que tu rigoles juste. » Elle baissa la tête et renifla vulgairement, la voix tremblotante et les yeux couleur carmin. Elle tomba à terre et on pu alors entendre ses genoux cogner contre le béton. Quant à lui, il se tenait droit devant elle les bras tendus le long de son corps, inerte. C'était comme s'il avait reçu un coup de poignard en plein coeur, et qu'on avait continué à lui infliger de multiples entailles à la suite, sans s'arrêter. Chaque reproche était comme une déchirure qu'on lui avait infligé aussi bien physiquement que mentalement. Les mots ont un énorme pouvoir, les peser est important. Il cligna lentement des yeux l'air épuisé, et s'avança vers elle. Il ne lui tendit pas la main, et garda la tête baissée en direction du sol, et de ses genoux ensanglantés. L'homme se pencha très lentement et finit par épouser la forme de son corps en la serrant fort contre elle. On pouvait entendre leurs souffles en parfaite harmonie, la tête de la jeune fille collée à sa poitrine ressentant exactement chaque battement de coeur. « Entends-tu donc ? Chaque battement est une seconde de perdue à tes côtés. » Prenant sa manche entre ses doigts elle essuya ses yeux et son nez par la même occasion, redressant sa tête pour se retrouver face à face avec son menton. Apercevant entre deux clignements une larme qui perlait le long de sa joue. « Je suis désolé. » Mais elle ne voulait pas d'excuse. Elle s'en fichait littéralement. Tout ce qu'elle désirait à cet instant là c'était du calme, sentir son corps vivre sous ses doigts, se rapprocher de lui, ne faire qu'un avec lui. En parfaite harmonie. Tout en silence. « Pardonne mes erreurs et mes dérapages. » Disait-il entre deux halètements. « Je veux juste faire de toi quelqu'un de fort, capable de se débrouiller seule dans la vie, sans avoir besoin de l'aide de personne. Je veux que tu sois comme tu es, comme tu as l'habitude d'être, mais avec un plus de force. Que tes faiblesses deviennent tes atouts. Que tu t'en serve comme arme, comme outils de défense. » Plaquant sa main contre le visage de sa bien aimée, il soupira longuement et embrassa son front. « Je t'aime. J'aime tes imperfections, et j'aime ta susceptibilité maladive, tes yeux qui pleurent devant un film à l'eau de rose, tes joues qui se gonflent quand je me moque gentiment de toi et que tu me boudes. J'adore ton visage et les traits de ton corps tout entier. Je pourrais passer des heures à contempler chaque partie de ton corps jusqu'à les connaître sur le bout des doigts. » Resserrant son etreinte, la jeune fille ne reteint alors plus ses larmes et relâcha tout. Libérée. « Je veux te couvrir de cadeaux jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien sur terre que tu n'aies pas. Je veux te voir sourire et rire jusqu'à en avoir mal au ventre. Je veux te voir bouger et danser comme une folle durant des heures sans te soucier du ridicule, parce que tu ne sais pas danser, mais que tu restes la plus belle des créatures à ce moment-là. Je veux que tu sois là à mes côtés et contre moi quand je m'endors mais également que tu sois le rayon de soleil de mes matins. Je veux que tu sois mon alter-ego. Mon double. Toi. » Il se mit à genoux devant elle et sécha ses larmes avant, dans un dernier sourire, de l'embrasser tout en prenant soin de déposer ses mains sur ses joues. Leurs corps collés l'un à l'autre. Le souffle coupé. « Je t'aime. »